I. Histoire de l’église Saint-Pierre
- 1911. Décision de Mgr Catteau, évêque de Luçon, à la demande de Mgr Robert du Botneau, archiprêtre de Notre-Dame-de-Bon-Port, de créer une nouvelle paroisse dans les “Bouts de ville”. M. l’abbé Charles Marceau, vicaire à Notre-Dame, est chargé de réaliser cette opération. ( Noter que la paroisse Saint-Michel avait été créée en 1909, dotée, comme église paroissiale, de la chapelle du couvent des Rédemptoristes, expulsés en 1906).
- 1912. Construction du presbytère.
- Août 1913. Début de la construction de l’église.
- Août 1914. Arrêt des travaux en raison de la guerre. Les murs de la nef, élevés mais non couverts, resteront quatre années durant exposés aux intempéries.
- 1918. Reprise des travaux.
- 1920. Achèvement de cette première partie : nef voûtée, autels, statues, confessionnaux, baptistère et … mobilier d’occasion.
- 14 juin 1920. Bénédiction de la nouvelle église par Mgr Garnier, évêque de Luçon. Installation du nouveau curé, l’abbé Marceau, officiellement nommé. Délimitation de la paroisse… étendue plus tard sur une partie du Château d’OIonne.
Pour cette première partie de la construction :
- Architecte ( plan d’ensemble) : M. Ballereau, de Luçon.
– Entrepreneur : M. Coussot, des Sables.
- Financement : don des fidèles.
- Une partie des matériaux et plusieurs éléments du mobilier proviennent de la démolition de la chapelle du Prieuré Sainte-Croix, devenu Petit Séminaire diocésain au cours du XIXème siècle jusqu’en 1905.
2. Deuxième étape : le transept et l’abside, les sacristies, la finition de l’ensemble…
- Déc. 1924. Reprise des travaux : transept, abside, sacristies…
- 1925. Les voûtes, en coupole de ciment armé, s’avérant défectueuses, sont recouvertes d’une charpente en fer et d’une toiture d’ardoises en bris.
- 1926. Le mur de séparation entre nef et transept est abattu : l’église est ouverte en son entier.
- 1927. Pose des bancs.
- 1930-1933. Finition : mobilier, boiseries, vitraux, peintures, orgue, cloches…
- 5 sept. 1933. Consécration de l’église par Mgr Garnier, évêque de Luçon.
- 1939. Décoration du cul de four du Chœur.
Pour cette tranche de travaux et la finition de l’ensemble:
- Architecte (suivant les plans primitifs de M. Ballereau): M. Durand, des Sables.
- Entrepreneurs : MM. Hériteau et Boré, des Sables.
- Peintre-verrier : M. Uzureau, de Nantes, puis Razin, de Nantes.
- Ebéniste ( bancs, boiseries, confessionnaux ) : M. Guilbot, des Magnils-Reigniers.
- Mobilier de marbre ( autels, sainte table, puis chaire ) : M. Rouillard, d’Angers.
- Sculpteur ( chapiteaux, frises ) : M.M. Plard, père et fils.
- Cloches ( quatre : ré, sol, la, si) : Maison Bollée, du Mans.
- Lustres : Maison Evelin, de Nantes.
- Orgues : Maison Gloton, de Mantes, puis Maison Renaud, de Nantes .
- Peintures ( concepteur et réalisateur) : M. Tardy, d’Angers.
3. Troisième étape : Aménagements et restauration
- 1940-1943. L’orgue est porté de 15 à 25 jeux .
- 1958 . Electrification des cloches.
- 1975-1976. Aménagement du chœur : enlèvement de la sainte Table, prolongement du podium du chœur, autel de célébration. Installation du chauffage . Restauration d’un certain nombre de vitraux. Ouverture d’une porte latérale.
- 1978. Relevage et électrification de l’orgue.
- 1988. Consolidation et réparation du beffroi.
- 1992-1995. Restauration (partie de l’extérieur et intérieur) : démolition de la rotonde du baptistère et implantation de la cuve baptismale à l’entrée du chœur; zinguerie et couvertures; péristyle et façade; peinture des murs et des voûtes ; dépoussiérage des peintures décoratives et des vitraux; réfection de la peinture- draperie tout autour de l’église ; réfection des deux sacristies; implantation des trois vitraux de l’ancien baptistère dans l’église et la sacristie-chapelle de semaine.
- 2007. Réfection complète de l’église : toiture, façades, peinture intérieure, fresques, frises…
2. Description de l’église Saint-Pierre.
L’église Saint-Pierre des Sables d’OIonne a été construite dans le style romano-byzantin que l’on retrouve fréquemment dans l’art religieux du début du XXème siècle. Elle est cependant la seule, dans le département de la Vendée, à présenter un tel ensemble et une telle unité dans I’ architecture et la décoration.
- Solidement appuyés sur des piliers de pierre blanche taillée, les arcs sont de ciment armé, les arcades et les cintres des fenêtres en fausses briques de ciment.
- La façade principale, couronnée, comme les deux façades nord et sud, d’un immense fronton en arcade, comporte un péristyle à toiture de tuiles sur lequel s’ouvrent les trois portes situées dans l’axe des trois nefs. Les deux colonnes cylindriques du péristyle viennent du chœur de la chapelle Sainte-Croix. Sous le péristyle , quatre médaillons de mosaïque représentent saint Pierre et saint Paul, saint Augustin et saint Charles Borromée.
- Posé sur une base de pierres, le beffroi est constitué de briques-ciment et couronné d’une coupole byzantine.
- Le plan de l’église est cruciforme. Le pied de la croix est constitué de trois nefs, les deux nefs latérales, étroites, étant séparées de la nef principale par des piliers de granit rose aux chapiteaux de pierre blanche sculptés. Les bras du transept débordent largement les nefs. Sur le pourtour de l’église, les murs sont fractionnés en trois étages superposés séparés par des corniches de pierre blanche; la corniche inférieure est sculptée d’une frise élégante.
- Les voûtes, couleur vieil or, sont constituées de deux immenses coupoles ( à la croisée du transept et au milieu de la grande nef ) reposant chacune sur un carré de 12 m.x 12m., séparées l’une de l’autre ou prolongées de part et d’autre par de larges bandeaux en berceau. La voûte de l’abside est en cul de four décoré, comme le sont celles des deux absidioles de chaque côté du choeur.
- Une soixantaine de vitraux, tous en fenêtres droites couronnées d’un cintre, éclairent l’église de manière discrète. La plupart sont historiés, les autres en grisaille. On remarquera, dans le chœur : en haut, saint Pierre et saint Paul; à l’étage inférieur, autour de la glorification des deux apôtres, à gauche, la remise des clefs et la mort de saint Pierre et, à droite, la conversion et la mort de saint Paul. Les verrières du transept présentent les saints protecteurs de la France : saint Hilaire, saint Louis, sainte Geneviève,sainte Jeanne d’Arc. Celles de la nef racontent la vie du Christ. Le vitrail du fond de l’église montre la glorification de la Vierge. Les trois vitraux du baptistère supprimé, restaurés avec goût, ont été replacés, le baptême du Christ dans le fond de l’église, le baptême de Constantin et le baptême de Clovis dans la sacristie- chapelle de semaine.
- Les boiseries sculptées, les bancs, les confessionnaux placés récemment en vis- à-vis dans le fond de l’église, sont de belle facture. On peut remarquer aussi les encadrements des portes du clocher et de la sacristie, celui du Christ face à la chaire, ainsi que les retables du transept, en bois décoré de peintures.
- Les fonts baptismaux sont placés en avant du chœur et sont à nouveau utilisés pour les baptêmes et honorés comme lieu de l’accueil de la grâce baptismale.
- L’orgue est enchâssé dans les boiseries derrière le maître autel. Acheté en 1923 à la Maison Helbig, pourvu au départ de 15 jeux, il fut repris, puis porté à 25 jeux en 1942, par la Maison Gloton, de Nantes. Il a été relevé et électrifié en 1978 par les ateliers Jean Renaud, de Nantes.
- Le maître-autel, les deux autels latéraux, la chaire, en riche matériau de marbre blanc avec des colonnettes colorées et des bas-relief sculptés , sont dans le style de l’époque.
- La statuaire est très restreinte : notons seulement la statue de la Vierge qui provient du prieuré Sainte-Croix, une reproduction de la “chaire de saint Pierre”, une statue originale en bois peint de “saint Pierre au coq” (dans le fond de l’église).
- Ce qui est sans doute le plus caractéristique de cette église, c’est sa décoration picturale très riche.
- Tout autour de l’église, au-dessus d’une draperie en trompe-l’œil refaite récemment à l’identique mais sur matériau différent, une frise au dessin très fouillé , dans laquelle est inséré le chemin de croix, habille les murs gris bleuté.
- Ce sont surtout les riches peintures du chœur et des deux absidioles qui attirent l’attention, notamment l’immense bandeau en peinture sur toile qui ceinture le chœur et présente trente personnages de saintes et de saints familiers ; outre les saints apôtres, saint Hilaire, saint Eloi, saint Rémi, saint Augustin, saint Bernard, saint François, saint Dominique… sainte Anne, sainte Madeleine, sainte Cécile, sainte Agnès, sainte Catherine, sainte Marguerite-Marie, sainte Jeanne d’Arc, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. ..
- La voûte de l’abside présente trois splendides tableaux sur fond or de la Résurrection, de l’Ascension et de l’Assomption, puis , en un médaillon très “théologique”, une expression du mystère de la Trinité : “Le Père est Dieu, le fils est Dieu, l’Esprit est Dieu. Le Père n’est pas le Fils ni l’Esprit, le Fils n’est pas le Père ni l’Esprit, l’Esprit n’est pas le Père, ni le Fils”.
- Des banderoles latines rappellent quelques phrases maîtresses du Nouveau Testament : “Gloire à Dieu au plus haut des deux”, “Je suis venu pour qu’ils aient la vie”, “Venez tous à moi”, “ Il faut qu’il grandisse”, “Le Maître est là et il t’appelle”, “Il les a aimés jusqu’au bout”, “Ma chair est vraiment une nourriture et mon sang est vraiment une boisson”, “Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui”. S’ajoutent aussi des symboles eucharistiques : les colombes s’abreuvant, l’agneau, le pélican, les pains et les poissons… On a voulu faire, par cette décoration, une fête pour les yeux et un enseignement pour le cœur…
* Les deux sacristies ont été considérablement enrichies. L’une d’elles, avec son habillage de boiseries et les deux vitraux qui l’éclairent constitue désormais une “chapelle de semaine” digne pour la célébration et la prière. L’autre vient de prendre une réelle noblesse avec sa voûte d’arêtes .
L’église Saint-Pierre, avec sa maquette évoquant la “barque-Eglise” portant pavillon ‘Tu es Pierre”, est bien “église de la côte vendéenne”. Sa restauration récente lui mérite à nouveau d’être appelée, comme en 1930 , “la belle église » !
(Notes rédigées d’après le livret épuisé de D.Duret .“L’église Saint-Pierre des Sables- d’OIonne », 1936, et les archives de la paroisse )