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L’église Notre Dame de Bon Port des Sables d’Olonne

Un document du XIIIème siècle ne laisse aucun doute sur l’existence d’un port aux Sables-mêmes. Il s’agit d’une donation de Savary de Mauléon, guerrier et troubadour, prince de Talmont, aux moines de la chapelle Saint Nicolas de La Chaume, dépendant de l’Abbaye Sainte-Croix de Talmont. Cette donation d’un terrain sis « entre la mer et le fief de vigne de la tour » prouve qu’avant 1218 la chapelle de Saint Nicolas est construite, que le port des Sables abrite de nombreux bateaux, que ce port a une certaine renommée puisqu’on projette d’y établir une hôtellerie pour recevoir les étrangers au pays, et, qu’enfin, il y est question d’une ville nouvelle sur l’emplacement du dit terrain.

Tout ce texte indique que la ville de ce temps a une certaine importance. Mais si La Chaume a des moines installés sur son territoire, Les Sables dépendent de la paroisse d’Olonne.

Vers le milieu du même XIIIème siècle, la population grandissant, une chapelle est édifiée aux Sables, à l’emplacement de l’actuelle église Notre-Dame. Elle est nommée chapelle du Rosaire.

Avec le XVIème et le XVIIème siècle, le trafic du port sablais s’intensifie. Au fil des ans, la chapelle du Rosaire devient trop petite pour les fidèles, et les Sablais souhaitent avoir leur paroisse.’

L’année 1622 est fort troublée par des guerres de religion. La Chaume est protestante, et les Sables catholique.

Soubise, voulant soulever les Réformés du Poitou, vient mettre le siège devant notre ville au mois de février. Les habitants doivent se rendre, et malgré les promesses faites par Soubise, la cité est mise à sac.

Malgré cela, pour appuyer la demande d’érection en paroisse, les habitants s’imposent de 121 livres pour construire un presbytère et permettre la vie d’un curé. Le Cardinal de Richelieu, alors évêque de Luçon, acquiesce à leur demande. Il fait signer au roi Louis XIII les lettres accordant l’érection de la paroisse Notre -Dame de Bon Port. Le 9 novembre 1622, Jacques de Flavigny et Henri Amiraut, vicaires généraux, érigent la cure des Sables d’Olonne. « La fabrique des Sables doit payer chaque année au curé d’Olonne, à la Noël, une somme de 10 livres tournois », en dédommagement que ce démembrement peut lui causer. De plus, le curé des Sables est obligé de mener processionnellement ses paroissiens à l’église d’Olonne, le jour de la Nativité de la Vierge. Ces clauses sont observées jusqu’à 1789. Cette érection de la cure est confirmée par arrêt de la Cour du 20 février 1625, et le premier curé de la paroisse est M. Jacques Barbarin, 1620-1632.

Le 19 mars 1646, Pierre de Nivelle, évêque de Luçon, vient bénir la première pierre de la nouvelle église. Les travaux sont poussés activement et, en 1648, les nefs sont construites, de même que l’abside, les arcs-boutants, le déambulatoire et les chapelles du bas-côté nord donnant sur les fonts baptismaux. Faute d’argent, la construction s’arrête. La population est appauvrie par les guerres de religion, celle de Louis XIV et Louis XV ; le nombre d’habitants diminue et ils ne peuvent continuer les travaux. En 1640, la ville compte 14.400 habitants ; en 1740 : 8.200 et seulement 4.700 habitants en 1790.

En 1749, l’assemblée paroissiale vote la refonte des 3ème et 4ème cloches, et l’acquisition d’une petite cloche qui est placée dans le lanternon qui couronne le clocher. En 1754, les portes des bras du transept, au nord et au sud, sont fermées, celle du bas-côté nord est ouverte et munie d’un tambour. 1760 voit s’élever le clocher, comme nous l’apprend une inscription de la chambre des cloches. Vers 1770, on refait le tillage de la nef. La révolution saccage l’église Notre-Dame de Bon-Port qui devient le temple de la Raison, et sert d’entrepôt de grains et de magasin d’intendance. Vient ensuite la restauration des fonts baptismaux, par M. Imbert, curé de Notre-Dame, il y fait mettre une piscine en marbre et les entoure d’une grille ; les bas-côtés reçoivent un tillage voûté, les chapelles sont aménagées. En 1828, le sculpteur nantais Thomas Louis, réalise un nouveau groupe de l’Assomption, situé actuellement au-dessus de l’orgue ; en 1834 il pose la chaire. Le successeur de M. Imbert, M. Michaud, curé de 1845 à 1874, forme le projet de faire des voûtes en remplacement du tillage qui sert de plafond. Il faut plusieurs années pour que ces voûtes soient construites, ainsi que celles du chœur, du transept et des nefs. Le jour de Pâques 1873 a lieu l’inauguration solennelle de l’église enfin débarrassée des échafaudages.

Une seconde période d’embellissement est menée par Monseigneur Robert du Botneau, curé de 1874 à 1915 ; les

bancs sont refaits, un nouveau carrelage est posé, la sainte table de marbre remplace la grille de communion. Le baldaquin de Mer­cier, abîmé par la Révolution, est remplacé par le ciborium actuel abritant un autel de marbre. Mgr du Botneau continue la restauration de l’église par l’édification des tribunes du transept, la remise en état de la façade, des fonts baptismaux ; le clocher reçoit en octobre 1913, un bourdon de 3,675 tonnes et deux autres cloches.

En ce qui concerne l’exécution des travaux, on peut imaginer une main-d’œuvre nombreuse, réunissant différentes corporations d’artisans.

Quant aux matériaux, pour le gros-œuvre, on s’est servi des productions de la région : sable de Velluire, pierres de taille de Charente, marbrin bleu du Veillon.

Les murs sont construits à la chaux avec 2/3 de sable. Ils ont été blanchis à l’intérieur avec du lait de chaux.

On suppose que la dégradation de certaines pierres extérieures serait due à une mise en œuvre trop rapide, les pierres n’ayant pas eu le temps de se durcir et de former ainsi une couche protectrice suffisante.

VISITE DE L’ÉGLISE

Commencée au milieu du XVIIème siècle, l’église est un édifice de plan régulier. Elle garde un aspect gothique. Mais ses clefs de voûtes pendantes évoquent la Renaissance, et le choix de pilastres corinthiens pour recevoir les voûtes d’ogives indique le souci de mettre la décoration au goût classique de l’époque. Ses dimensions : 75m de long, 30m de large. La hauteur sous voûtes est de 21,50m. Tel quel, l’ensemble donne une impression d’har­monie et d’unité de style qui fait honneur à ceux qui y ont travaillé.

Voyons maintenant la façade occidentale. Son aspect sévère est à peine tempéré par les trois portails sculptés. Les deux colla­téraux sont encore proches de la Renaissance avec leur fronton incurvé. Le portail central, ouvrant sur la grande nef, est orné de deux colonnes corinthiennes, surmonté d’un linteau en tra­pèze, et couronné d’un cartouche richement sculpté. La Vierge est moderne.

Au-dessus des portails s’ouvrent trois fenêtres, celle du milieu est une haute verrière. Le pignon s’orne d’une figue du Christ monumentale, très belle, dont une réplique est placée à l’intérieur de l’église.

Les tours sont épaulées de puissants contreforts et par­ticipent à l’ordonnance générale de la façade. La tour gauche n’est pas terminée, celle de droite est le clocher et abrite six cloches dont le bourdon de 3,675 tonnes.

Côté est, le chevet, avec sa ceinture de chapelles rayonnantes et d’arc-boutants, donne une impression de force et de stabilité.

DÉCORATION INTÉRIEURE

La grande nef est composée de quatre travées, flanquée de bas-côtés. Les voûtes de la grande nef et du transport furent réalisées dans la seconde moitié du XIXème siècle, ainsi que celle des bas-côtés. La grand nef est plus élevée que les bas-côtés.

Le chœur est assez profond. L’ abside pentagonale, dépourvue de grandes arcades, est séparée du déambulatoire par un mur plein, disposition certes curieuse. Le ciborium, dû au talent de l’architecte Ménard de Nantes, est du pur style renaissance. Les quatre colonnes monolithiques sont en marbre noir, reliées par des arcs en plein cintre, surmontés de frontons. Quatre anges aux ailes déployées ont en main les instruments de la Passion. La coupole est entièrement dorée, reproduisant des lauriers, reliés par des rinceaux ajourés.

L’autel principal se compose d’une table soutenue par quatre colonnettes. Trois peintures sur fond d’or, exécutées par des artistes italiens, servent de bas-reliefs.

Derrière l’autel, au dessus du buffet d’orgue, une œuvre du sculp­teur nantais Thomas Louis, l’Assomption de la Vierge.

Les cinq vitraux du chœur représentent au centre : la Vierge protégeant la ville des Sables d’Olonne, sur les côtés : Saint Grégoire le Grand, Saint Louis, Saint Paul et Sainte Cécile.

Dans la grande nef se trouve la chaire, exécutée également par Thomas Louis en 1834. Lescalier est orné de panneaux sculptés : la parabole du semeur, le sermon sur la montagne, Jésus et la Samaritaine, le Bon Pasteur. La cuve elle-même est décorée de bas-reliefs, représentant les quatre Evangélistes. Au dessus, une statue allégorique de la Religion.

La grande verrière de la façade, placée en 1878, a été réalisée dans les ateliers Meuret de Nantes. Le sujet principal en est l’Assomption de la Vierge, entourée de l’Annonciation, de Saint Michel, de la proclamation du Dogme et de l’immaculée Conception. Au dessous « Dormition du Christ », œuvre d’un élève de Paul BAUDRY (artiste Yonnais) à la demande de Madeleine CHAIGNEAU qui en a fait don à l’église. (A l’entrée des chapelles latérales, un petit panneau, précisant les statues et tableaux à voir, est accroché).